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Gaz de schiste : les Etats-Unis objet de toutes les convoitises


Les grands groupes miniers et énergétiques misent lourdement sur le gaz de schiste. Dernier exemple en date, BHP Billiton offre 12 milliards de dollars pour Petrohawk.

Ecrit par
Virginie ROBERT
Correspondante à New York

Le rachat, annoncé vendredi, de Petrohawk, un exploitant de gaz de schiste de Houston, par BHP Billiton pour 12 milliards de dollars -15,1 milliards avec la reprise de dette -traduit l'intérêt croissant pour une source d'énergie complexe à exploiter mais dont les larges réserves suscitent toutes les convoitises. La preuve, en proposant 38,75 dollars par action, le géant minier anglo-australien a accepté de payer une prime de 65 % sur le dernier cours de Petrohawk.

Avec cette opération, BHP Billiton va prendre pied sur deux territoires très convoités : le Texas et la Louisiane. Le plus grand réservoir se situe néanmoins en Pennsylvanie et dans l'Etat de New York, sous la formation Marcellus dans les Appalaches. Un peu plus tôt dans l'année, le groupe avait acquis les actifs de Chesapeake Energy dans l'Arkansas pour 4,8 milliards de dollars. Une façon pour lui de rebondir après l'échec de la tentative de rachat de PotashCorp, qui s'est heurtée au veto des autorités canadiennes.

Un nouveau Far West

Les réserves des Etats-Unis en gaz de schiste sont estimées à 53.700 milliards de mètres cubes, selon le Potential Gas Committee. La production nationale de gaz s'élève à 594 milliards de mètres cubes chaque année. Alors que le pays espère diminuer sa dépendance aux importations de gaz et de pétrole, cette course au gaz de schiste a valeur d'eldorado.

Dans ce marché, qui fait figure de nouveau Far West, cohabitent à la fois de tout petits exploitants qui se positionnent sur les gisements, et de très grands acteurs qui ancrent leur position en achetant terrains et savoir-faire. Royal Dutch Shell a ainsi dégagé 4,7 milliards de dollars pour acquérir les actifs de East Ressources. ExxonMobil a déboursé 31 milliards de dollars pour racheter le plus grand producteur américain de gaz naturel, XTO Energy. Les équipementiers et les distributeurs de gaz (pipelines) qui se sont spécialisés sur cette activité sont aussi des cibles d'acquisition potentielle.

Pourtant, rien n'est simple quand il s'agit de gaz de schiste. Ni l'exploitation, qui se fait par fracture hydraulique de la roche avec de l'eau, du sable et des produits chimiques  : destructrice de paysages, elle présente aussi des risques de contamination des nappes phréatiques. Ni l'environnement réglementaire, qui dépend surtout de l'attitude des gouverneurs des Etats concernés. Certains sont enclins à imposer des moratoires tant que les risques pour l'environnement ne sont pas clarifiés. En Pennsylvanie, il est par exemple interdit de forer sur une terre qui appartient à l'Etat. A New York, le gouverneur a imposé un moratoire jusqu'à fin juillet, mais l'exploitation devrait à nouveau être autorisée sous certaines conditions.

De son côté, l'Agence pour la protection de l'environnement enquête depuis 2010 sur les conséquences que cela pose à l'environnement et à la santé. Face à ces réticences, le lobbying des groupes énergétiques et pétrochimiques est intense. Ces derniers veulent préserver une source bon marché d'éthane et de propane.

virginie robert
BUREAU DE NEW YORK

 

La source est ici

 



09/02/2014
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