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Gaz de schiste. De milliers de gens venus de tout le pays se sont rassemblés durant trois jours à Lézan (30) pour réfléchir ensemble à un autre avenir énergétique pour la France et le monde.
Ca partait déjà bien, vendredi, si la pluie vers 19 heures n’était pas venue tout gâcher. Mais dès samedi matin, grâce au beau soleil revenu, la convergence citoyenne qui se tenait a Lézan, sur le terrain des Ristes a explosé façon feu d’artifice : de gens venus de toute la France, des individus issus d’horizons les plus divers (gros mélanges des styles vestimentaires !), des stands de toutes sortes, des débats partout, de la musique, des concerts. Les collectifs contre les gaz de schiste à l’origine de cette initiative peuvent être satisfaits, le pari est gagné, il y a bien eu convergence citoyenne. Déjà, dès que l’on approchait du site on comprenait que quelque chose se passait vu l’afflux de voitures. Le parking de la fête était plein et les deux champs mis à disposition par la mairesse de Massillargues n’empêchèrent pas qu’e les deux côtés de la route se remplirent d’un cordon de véhicules stationnés à perte de vue. Qu’est-ce qui a motivé tant de gens à se rassembler là, en cette fin du mois d’août ? Deux événements mondiaux ont secoué l’opinion publique au cours des derniers mois : d’une part la révélation des dangers pour la santé et pour la planète de l’exploitation des gaz de schiste et d’autre part la catastrophe nucléaire de Fukushima . C’est soudain l’avenir de l’humanité qui a fait la une des journaux. Et les intérêts divergent entre les grands capitalistes de l’énergie et les citoyens du monde entier.
Cette réalité nouvelle a fait évoluer les grands questionnements, comme le souligne Eric Jousse, présent à ces rencontres « le slogan « un autre monde est possible » est obsolète », il convient aujourd’hui de dire « un autre système est nécessaire ». En effet refuser l’exploitation des gaz de schiste, exiger de sortir du nucléaire c’est faire le choix d’un autre avenir. C’est faire le choix d’une autre société qui ne peux pas se satisfaire d’aménagements à la marge. Consommer, produire différemment de l’énergie c’est vivre autrement. Ca passe forcément par consommer moins d’énergie, donc gaspiller moins à tous niveaux, donc consommer moins aussi. C’est se déplacer autrement, c’est se chauffer autrement, etc ;, etc ; la liste est longue. Toutes ces modifications de nos comportements qui semblent incontournables si l’on ne veut ni des gaz de schiste, ni du nucléaire (et a-t-on le choix ?) étaient en débat, durant 3 jours au cœur de cette grande convergence citoyenne pour une transition énergétique intitulée « Energies pour la planète ». Le but n’était pas en trois jours d’apporter des réponses à tout, mais d’ouvrir le chemin à une prise de conscience collective, dans le but d’imposer par la force de la pression citoyenne d’autres choix d’avenir aux dirigeants de ce monde. Une initiative qui se revendiquait comme citoyenneté et ouverte à tous. Il ressort des débats une exigence de démocratie directe et participative. Curieux, alors que ce besoin de citoyenneté semble grandir partout, qu’il y ait eu si peu de gens pour tenter de contrer la réforme des collectivités locales que le gouvernement est en train de mettre en place et qui est l’exact contraire de cette démocratie directe à laquelle tous ces gens aspirent. Une contradiction qui s’illustrait aussi parfois par un rejet des politiques (confusion et amalgame là aussi avec les politiciens professionnel carriéristes - tous ne le sont pas) et un appel aux élus.
Mais qu’il s’agisse du nucléaire, des énergies renouvelables ou alternatives, des transports, des services publics, de l’habitat, de l’agriculture… Un point commun rassemblait tous les gens présents : l’envie d’autre chose. Des individus qui rejettent le système actuel, des citoyens en recherche pour vivre autrement, pour vivre mieux. des gens responsables et qui ne pensent pas « après moi le déluge », mais qui veulent construire ensemble un avenir meilleur pour l’homme. Sans nul doute cette convergence est un événement inédit qui fera date. Quels chemins va prendre la lutte au sortir de ces journées de débat, de rencontre, de démonstrations d’expériences alternatives. Hier matin en séance plénière, les collectifs ont acté un texte, document constitutif de cette convergence pointant exigences citoyennes et propositions. Un document visant notamment à ce que les élus s’engagent. Mais si la démocratie telle qu’elle se vit en France passe le rôle des élus, on sait aussi qu’à l’échelle mondiale et notamment avec le gouvernement actuel dans notre pays, c’est avant tout la finance qui gouverne. Et l’actualité de la rentrée pour les collectifs anti gaz de schiste ça va être aussi le concret du terrain avec les camions qui ne vont certainement pas tarder à arriver du côte de Saint Victor de Malcap, de Barjac et de l’Ardèche. Mais là encore la détermination populaire est surprenante. Personne n’est disposé à laissé s’ouvrir le moindre forage.
ISABELLE JOUVE
http://www.lamarseillaise.fr/gard/pari-gagne-pour-la-convergence-citoyenne-24054-2.html
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