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Un éminent eurodéputé demande une réglementation sur le gaz de schiste


  L'un des membres les plus influents du Parlement européen propose une nouvelle directive qui pénaliserait, voir interdirait, l'exploitation du gaz de schiste, le nouveau carburant fossile controversé qui est présenté comme la principale source d'énergie du futur.

Jo Leinen a confié au Guardian qu’il souhaitait une « directive sur la qualité de l’énergie », ce qui impliquerait que les carburants ayant des effets négatifs sur l’environnement – tels que le gaz de schiste et le pétrole issu de sable bitumineux – seraient strictement réglementés au sein de l’UE.

L’eurodéputé allemand Jo Leinen préside le principal organe de réglementation environnementale au Parlement européen, l’influent Comité sur l’environnement, la santé publique et la sécurité alimentaire. Celui-ci a le pouvoir d’avancer des propositions qui pourraient devenir des lois en quelques années.

Jo Leinen a affirmé que ce genre d'intervention législative serait sans doute soutenue, dans la mesure où de nombreux eurodéputés sont de plus en plus inquiets quant au rôle du gaz de schiste dans le bouquet énergétique mondial.

L’extraction du gaz de schiste a été reliée à un grand nombre de problèmes environnementaux, notamment la pollution des nappes phréatiques, une utilisation excessive de l’eau et des effets sismiques potentiels. En France, l’expansion du secteur du gaz de schiste a été interdite, et les opérations de forage du Royaume-Uni ont été interrompues suite à deux séismes de faible magnitude près des sites d’exploration.

Même si le gaz ne produit que la moitié des émissions de dioxyde de carbone que génère la production d’électricité au charbon, une étude de la Cornell University tend à montrer que les émissions réelles liées au gaz de schiste pourraient être plus importantes que celles liées au charbon, si des facteurs tels que les fuites de méthane au cours du processus d’extraction étaient pris en compte.

« Nous devons regarder de plus près au gaz de schiste, et aux conséquences qu’implique la poursuite de son exploitation », a affirmé Leinen.

Bien que le contenu de la directive sur la qualité de l’énergie ne soit pas encore clairement établi, l’UE possède déjà une réglementation en termes de qualité des carburants pour le transport. Une nouvelle directive imposerait des limites effectives ou des pénalités financières sur l’utilisation de gaz de schiste, en fonction des conséquences environnementales liées au carburant.

D’autres sources « non conventionnelles » d’énergies fossiles pourraient également tomber sous le coup de cette directive, telles que le pétrole issu de sable bitumeux.

Le projet d’une directive sur la qualité de l’énergie devrait rencontrer de fortes résistances de la part de l’industrie du gaz, qui insiste depuis des mois pour que le gaz de schiste soit accepté comme une solution « verte » aux côtés des énergies renouvelables. Plus tôt dans l’année, l'European Gas Advocacy Forum (en français : « Forum européen de défense du gaz ») a adapté un rapport relatif à l’expansion de l’industrie des énergies renouvelables en Europe pour tenter de démontrer que le gaz pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre à moindre coût que les énergies renouvelables. Cette interprétation a été contestée par l’industrie des énergies renouvelables et l’ONG qui avait commandé le rapport original.

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie a également montré que le gaz n’était pas la « panacée » et que le considérer comme la première source énergétique d’avenir provoquerait un réchauffement climatique de grande ampleur, augmentant les températures bien au-delà des 2 °C perçus par les scientifiques comme la limite de sécurité, au-delà de laquelle les changements climatiques deviendraient catastrophiques et irréversibles.

Les experts ne sont pas d'accord sur les effets environnementaux du forage pour le gaz de schiste, notamment à cause du secret qui entoure l’industrie du gaz aux Etats-Unis, qui font partie des pionniers de l’exploration de ce gaz. De nombreuses études sont en cours, dont l’une menée par Rajendra Pachauri, président du Panel intergouvernemental sur le changement climatique, effectuée par l’institut qu’il préside également, et une autre effectuée par l’Environmental Protection Agency américaine.

Fiona Harvey for The Guardian – Article traduit de l’anglais par EurActiv

 



09/02/2014
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